Une certaine tradition en matière d’enseignement du français, et des langues étrangères de façon plus générale, veut que la langue soit enseignée en elle-même, dans ses propriétés particulières, indépendamment des lieux d’enseignement et des compétences langagières déjà disponibles chez les apprenants. Or une langue ne s’apprend jamais seule. Elle s’apprend le plus souvent dans des lieux où s’apprennent d’autres langues. Cette langue peut encore prendre place dans des familles linguistiques déjà familières aux apprenants. Enfin elle s’acquiert par rapport à la langue d’origine de l’apprenant qui intervient comme filtre pour appréhender les particularités de la langue nouvelle. Tentons ainsi de sortir chaque langue de ce qu’elle croit être son splendide isolement pour la réintégrer dans son univers ordinaire de vie et d’apprentissage.
Dans son ouvrage L’Enseignement en classe bilingue Jean Duverger montre comment il est possible de mettre en place un enseignement de langue qui permette d’acquérir des savoirs, d’être un outil d’apprentissage, en usage, en tout ou partie, de l’enseignement d’une DNL (discipline non-linguistique), enseignement présent dans ce que l’on appelle les sections internationales, les sections européennes, sous l’appellation plaisante d’Emile (Enseignement d’une matière par intégration d’une langue étrangère). Après avoir passé en revue tous les bénéfices que l’élève peut tirer d’un tel type d’enseignement, Jean Duverger aborde le traitement didactique de tels apprentissages et l’articulation des langues dans le déroulement du cours. Appris au contact d’un savoir abordé dans la L1, le français révèle de la sorte de nouvelles potentialités.