Comment le statut d’un.e artiste évolue-t-il au fil de sa carrière ? Un certain nombre d’artistes ont connu un succès continu (Gainsbourg, Aznavour…), d’autres ont traversé des déserts, parfois longs (Michel Delpech, par exemple), d’autres encore ont composé pour passer d’un style à un autre (Sheila), d’autres enfin ont su s’adapter pour évoluer lentement, sûrement, souvent en sollicitant des collaborations avec des artistes inspirés, et Vanessa Paradis s’inscrit dans cette dernière tendance.
Chanteuse (aux collaborations absolument innombrables, avec Gainsbourg, Daho, M, Gaëtan Roussel, Benjamin Biolay…), actrice (Noce blanche, L’arnaqueur…), férue de mode, à la fois people (idylle avec Lenny Kravitz ou Florent Pagny, son mariage avec Johny Deep) et proche d’une mouvance intellectuelle, elle a su incarner parfaitement l’art de ne pas entrer dans des cases et, conséquemment, celui d’être proprement originale, un peu à l’image de Jeanne Moreau ou de Jane Birkin. Il n’y a en définitive pas beaucoup d’artistes comme elle, capables d’être performantes dans divers domaines, et on peut aujourd’hui mesurer le chemin qu’elle a parcouru depuis son premier tube alors qu’elle n’était qu’une adolescente à son rayonnement actuel, pour échapper à un parcours médiatique qui aurait pu être commun ou conventionnel. Et voici une sélection subjective de morceaux au fil de sa vie très singulière.
« Joe le taxi » (1987) : premier tube (écrit par Etienne Roda-Gil et Franck Langolff) qui la fait connaître alors qu’elle n’est pas encore majeure. Chanson un peu nasillarde, formatée, où l’adolescence est mise en scène de façon gênante (on sent qu’on lui a imposé une pseudo-chorégraphie), mais qui lance sa carrière.