A l’instar d’artistes comme Charles Trenet naguère, Charles Aznavour, Véronique Sanson ou Pierre Perret plus récemment, il est des figures qui traversent les époques, les styles, les tendances en se maintenant, contre vents et marées, au contact du public, qui vient les acclamer, nombreux. Salvatore Adamo, d’origine italienne et de nationalité belge, fait partie de ces légendes de la chanson francophone, qui ont fait rayonner notre belle langue en Europe et aux quatre coins du globe et qui méritent une belle place sur le podium de ses illustres représentants. Sympathique et avenant, Adamo a tout du gendre idéal ou du bon pote qui sait bien jouer de la guitare – et c’est vrai que, dans ses interviews, il apparaît comme quelqu’un de très agréable et urbain –, mais on peut sans conteste mesurer ce que ce petit immigré sicilien d’après la 2ème guerre mondiale, débarquant dans le Hainault, a dû déployer de force d’âme pour s’intégrer à la variété naissante des années 60, avec sa bouche un peu de travers. Quelle volonté, quelle persévérance, quelle pugnacité admirables !
Présent sur cette fameuse photo des artistes emblématiques du yéyé en 1966 (cliché de Jean-Marie Périer), il a su déployer ses propres ailes artistiques et, d’une certaine manière, créer son propre style. Voici quelques chansons issues d’un choix, comme il se doit, tout subjectif (mais j’en connais tellement que faire un choix est cruel…).
« Vous permettez, monsieur » (1965) / On est là typiquement, sous couvert d’humour latent, dans la dimension socioculturelle de la chanson, qui nous permet d’identifier et de conserver des traces de pratiques qui n’existent plus – traces d’autant plus précieuses (pour rappeler le patriarcat fondamental des années 50).