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Les chansons de Ludovic - MC Solaar

(Re)découvrez l'originalité de la chanson française et francophone !
Ludovic Gourvennec

Je suis professeur de français et j'ai effectué l'essentiel de ma carrière à l'étranger. Je suis actuellement en poste dans le réseau des Écoles européennes. J'ai soutenu une thèse de doctorat consacrée à la chanson.

Pour vous aider à exploiter mes chansons en classe, n'hésitez pas à feuilleter mon article tiré de la revue de l'Association belge des professeurs de français "Vivre le français" : "Classe de FLE : 20 activités pour exploiter une chanson"

Ludovic Gourvennec

Le rap (ou HIP-HOP) né aux USA se diffuse en France à partir des années 1980/1990, avec des groupes à l’origine emblématiques comme Suprême NTM, IAM ou Ministère Amer. De cette émergence originale découlent deux tendances : l’une privilégie les puristes (avec une orientation politique, critique et assez radicale), l’autre s’ouvre vers des horizons plus commerciaux, donc moins radicaux, et va lorgner vers la chanson (dont « Chacun fait (c’qui lui plaît) » 1981 de Chagrin d’amour pourrait en être un exemple excessif).

MC Solaar, d’origine tchadienne mais né au Sénégal, a grandi en banlieue parisienne à Maison-Alfort. C’est un artiste qui constitue, en France, l’un de ces pionniers du rap / hip-hop, notamment au début des années 90. Et l’on peut probablement considérer qu’il a alterné entre ces deux pôles, tiraillé entre les élans rap anarchistes et les aspirations plus consensuelles et académiques. C’est marrant de l’évoquer aujourd’hui mais en 1994-1995, lors de mon premier poste en tant qu’enseignant de français (j’étais à l’époque ce que l’on appelait un stagiaire IUFM), dans les quartiers difficiles de Beauvais, j’ai exploité en classe ma première chanson, « Caroline » (voir ci-dessous), qui avait d’ailleurs bien fonctionné). Voici maintenant deux chansons pour découvrir le Claude MC des débuts, l’homme à la casquette à l’ancienne.

« Bouge de là » (1990) / Extrait de l’album événement Qui sème le vent récolte le tempo, cette chanson le propulse dans la lumière. Mais là rien de politique, on joue plutôt sur les mots ou sur la variété des situations problématiques (un peu comme Renaud le faisait avec « Marche à l’ombre » (1980), dans un autre style musical évidemment). 

« Caroline » (1992) : quand les vicissitudes amoureuses deviennent arabesques lexicales où les mots se télescopent, et où le rythme et la diction s’emballent au bout d’un moment.

Il faudrait citer bien d’autres chansons au fil des années car MC Solaar a continué à créer au cours du temps. Je sélectionne arbitrairement l’album Cinquième As en 2001 avec deux titres (qui marquent un retour à une veine plus « rap »).

« Hasta la vista » (2001)

« Sonotone » (2018) : chanson très réussie, limite électro, de l’angoisse existentielle de vieillir physiquement mais qui interroge aussi cette idée de déchéance artistique ou de perte de crédibilité. 

« Francophonie » (2024) : courte chanson, certes intéressante sur les valeurs de la langue française, mais finalement assez consensuelle et qui semble plus proche d’un spot du ministère des affaires étrangères français que d’une gifle rap. 

Il a entamé en cette année 2024 la sortie d’une trilogie d’albums audacieuse (en même temps qu’une tournée au succès important). Voici le premier, « Lueurs célestes » avec deux chansons (et demi).

« Carpe diem » (2024) :

« Ils dansent » (2024) : deux chansons pour le prix d’une.