Manu Chao semble unique et éternel, à la fois présent et évanescent, on le connaît, on l’écoute, et il disparaît, il affole les foules dans un festival effarant, et il vient jouer devant 15 personnes pour une cause évidente, il génère des profits très importants et semble s’en moquer, toujours au contact des gens, de la vie, des envies, du moment. Il chante, il produit, il invente, il crée du lien, il invite, bref il milite. Il est en quelque sorte une incarnation vivante du lien social et politique qu’on imagine idéal. On a l’impression qu’il ne vieillit pas et qu’il est immortel. Il ouvre son œuvre vers le monde, l’Amérique latine ou l’Afrique (où il a par exemple produit un album d’Amadou et Mariam). Sa démarche, en définitive, peut être considérée comme politique puisqu’il va même jusqu’à définir un prix limite pour les places de concert.
A l’origine, quand même, il y a la Mano Negra, dès 1987, dont il faut se souvenir absolument, parce que cela a constitué une déflagration immense, à l’époque des Rita Mitsouko et de Noir Désir. Mano Negra a injecté dans la scène française un rythme punk enrobé de langue espagnole qui a séduit de façon imparable.
« Mala vida » (1988) : voilà du clip vintage pour une morceau d’anthologie, titre emblématique sur lequel se sont défoulées les générations des années 90.