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Les chansons de Ludovic - M (Matthieu Chedid)

(Re)découvrez l'originalité de la chanson française et francophone !
Ludovic Gourvennec

Je suis professeur de français et j'ai effectué l'essentiel de ma carrière à l'étranger. Je suis actuellement en poste dans le réseau des Écoles européennes. J'ai soutenu une thèse de doctorat consacrée à la chanson.

Pour vous aider à exploiter mes chansons en classe, n'hésitez pas à feuilleter mon article tiré de la revue de l'Association belge des professeurs de français "Vivre le français" : "Classe de FLE : 20 activités pour exploiter une chanson"

Ludovic Gourvennec

Il est de certaines familles de chanteurs ou chanteuses comme il en va des dynasties qui se transmettent des héritages. Jacques Higelin a donné la fibre à ses enfants, Arthur H et Izia, Charlotte Gainsbourg ou Lou Doillon ont hérité des talents de leurs parents Serge et Jane ou Jacques et Jane, Thomas Dutronc s’est émancipé de Jacques et de Françoise Hardy, etc. Dans la famille Chédid, la déclinaison atteint une génération de plus. Car, si nous parlons cette semaine de M (Matthieu Chédid), impossible de ne pas évoquer sa grand-mère, la grande autrice Andrée Chédid (qui a écrit certaines des paroles de ses chansons), son père, Louis Chédid (grand artiste ayant connu le succès dans les années 70-90 – et qui tourne encore) et la fratrie (Anna, Emilie et Joseph, qui chantent eux aussi).

De ce fait, la création, chez M, sans doute plus que chez d’autres artistes, a quelque chose de l’ordre du partage, de l’échange, de la transmission, et pour tout dire d’une forme d’amour, sans doute aussi de l’ailleurs (puisque l’Egypte ou le Liban, par exemple, définissent ses racines). Excellent guitariste, il a fait le choix, non de composer dans sa bulle, mais de chercher sans cesse des défis vers l’ouverture.

Pourtant, alors que ces racines et ces liens ont toujours été ouvertement connus, il a décidé d’avancer dissimulé, portant sur scène un costume et un masque frontal en forme de M, comme si l’artiste devait constituer une sorte de double, ou comme si la parure devait cacher quelque chose, comme si finalement il fallait clairement distinguer l’individu du chanteur. Cela étant, sur scène, ses spectacles sont absolument prenants, dynamiques, impressionnants.

« Je dis aime » (1999) : une des chansons du début, avec un texte composé par Andrée Chédid, sur la tolérance absolue, « Je dis aime, comme un emblème, la haine, je la jette ». Ici une version collective, père et enfants.

« La scène » (2011) : M a composé un certain nombre de musiques de films, dont « Les triplettes de Belleville » (2003) ou « Ne le dis à personne » (2006), et cette magnifique chanson en duo avec Vanessa Paradis est tirée du film « Un monstre à Paris ». Une réussite !

« Bal de Bamako » (2017) : ses aspirations à se tourner vers l’ailleurs le conduisent, entre autres, au Mali, pays d’Amadou et Mariam, et cette chanson (avec Oxmo Puccino et Fatoumata Diawara) est une bonne illustration du métissage entre le style de M et les influences africaines. « Le Mali danse dans mon âme, Honni soit qui Mali pense », génial !

Chanson à mettre en écho avec ce morceau plus ancien (« Mama Sam » 1999), absolument formidable, ici en version live (2004 à Bercy) :

Pour finir, deux morceaux vraiment top qui montrent d’une part le dynamisme des chansons de M, dont on peut imaginer les versions décuplées en concert, et ses démarches collaborative.

« Dans ta radio » (2022) :

« On ne pleure pas dans l’eau » (2023) : duo avec Gaëtan Roussel, sur les toits de Paris, dans cette bonne ambiance acoustique générée par deux pointures de la scène actuelle, et sur cette thématique de l’ouverture commune aux deux artistes.