Il est de certaines familles de chanteurs ou chanteuses comme il en va des dynasties qui se transmettent des héritages. Jacques Higelin a donné la fibre à ses enfants, Arthur H et Izia, Charlotte Gainsbourg ou Lou Doillon ont hérité des talents de leurs parents Serge et Jane ou Jacques et Jane, Thomas Dutronc s’est émancipé de Jacques et de Françoise Hardy, etc. Dans la famille Chédid, la déclinaison atteint une génération de plus. Car, si nous parlons cette semaine de M (Matthieu Chédid), impossible de ne pas évoquer sa grand-mère, la grande autrice Andrée Chédid (qui a écrit certaines des paroles de ses chansons), son père, Louis Chédid (grand artiste ayant connu le succès dans les années 70-90 – et qui tourne encore) et la fratrie (Anna, Emilie et Joseph, qui chantent eux aussi).
De ce fait, la création, chez M, sans doute plus que chez d’autres artistes, a quelque chose de l’ordre du partage, de l’échange, de la transmission, et pour tout dire d’une forme d’amour, sans doute aussi de l’ailleurs (puisque l’Egypte ou le Liban, par exemple, définissent ses racines). Excellent guitariste, il a fait le choix, non de composer dans sa bulle, mais de chercher sans cesse des défis vers l’ouverture.
Pourtant, alors que ces racines et ces liens ont toujours été ouvertement connus, il a décidé d’avancer dissimulé, portant sur scène un costume et un masque frontal en forme de M, comme si l’artiste devait constituer une sorte de double, ou comme si la parure devait cacher quelque chose, comme si finalement il fallait clairement distinguer l’individu du chanteur. Cela étant, sur scène, ses spectacles sont absolument prenants, dynamiques, impressionnants.
« Je dis aime » (1999) : une des chansons du début, avec un texte composé par Andrée Chédid, sur la tolérance absolue, « Je dis aime, comme un emblème, la haine, je la jette ». Ici une version collective, père et enfants.