Lynda Lemay, chanteuse québécoise, a commencé sa carrière en 1990. Dans la sphère de la francophonie, et de la chanson francophone en particulier, elle occupe une place importante, car elle a perpétué à sa manière un héritage dans lequel le texte a une part prépondérante (ce qui ne veut évidemment pas dire que la musique soit secondaire), soutenue par exemple par Charles Aznavour qui avait vu en elle un talent. Armée de sa guitare acoustique, elle a su aborder, dans ses innombrables chansons, énormément de thèmes sociétaux contemporains, de problématiques concrètes, avec un esprit progressiste et féministe, constructif sans être agressif ou inutilement polémique. Elle semble toujours trouver le ton juste pour traiter ses sujets, tant ses textes sont très bien écrits, avec un souci constant du mot bien posé et de la rime adéquate. Et surtout, son œuvre et ses spectacles sont caractérisés par une bonne dose d’humour (quand on écoute ses chansons, très souvent, on rigole), ce qui n’est pas la moindre de ses qualités, car faire rire ou sourire sur des sujets délicats est justement la preuve d’une délicatesse exquise. Je ne résiste pas à l’envie de vous citer, pour exemples de ces enjeux sociétaux et (parfois) humoristiques, les titres explicites des chansons suivantes : « Bande de dégonflés » (2000), « Ça sent le bébé » (2003), « Qu’est-ce qu’on va devenir, mon homme » (2005), « Si je ne te fais pas d’enfant » (2006), « La partouze » (2008), « Puis les enfants sont arrivés » (2013), « La sadique » et « Sois gentille avec Marcel » (2020), « Paul aime Paul » (2021), « Ma mère amère » (2021), « Nausée ah bon… » (2023)… Voici d’autres titres remarquables.
« Les maudits Français » (1996) : magnifique chanson interculturelle, pleine d’humanité, et super drôle, sur la perception qu’ont les Québécois des Français de métropole (la perception de Lynda Lemay semble partagée par ses auditeurs…), sur la terminologie du quotidien différente et sur les habitudes divergentes. Il y a quelque chose aussi du décalage entre la représentation que les Français ont d’un pays et d’un territoire et ce qu’il en est réellement.