Cette semaine, nous allons évoquer un artiste très très important de la scène francophone, Fabien Marsaud. Vous connaissez ? Probablement non car cette identité officielle est en réalité occultée par un pseudonyme artistique, Grand Corps Malade (GCM). Là, sans doute, vous situez mieux, non ? Mais pas sûr, alors on rappelle. Fabien, type il faut bien dire plein de vie, est victime à 20 ans d’un grave accident qui le rend partiellement paralysé. Ses rêves de sport s’effondrent, mais ses immenses dons de résilience l’orientent vers le slam qui sera sa bouée salvatrice, son terrain de création, de récréation, de re-création. Il devient même une sorte d’incarnation du slam en France. La machine poétique est alors lancée et j’ai vraiment le sentiment, en écoutant GCM au fil du temps, de voir cette énergie créatrice en mouvement, sans trêve, pleine de rêves, dans un flux continu, si ténu, comme si écrire était vital, il faut que le flow devienne normal, comme s’il fallait dire au monde ce qui ne va pas, et donc comme s’il fallait que le dire colle aux mots.
Toute cette énergie créatrice déborde les arts car GCM s’intéresse aussi au cinéma, et, comme réalisateur, il signe « Patients » en 2017 (chronique d’un centre de réadaptation corporelle), « La vie scolaire » en 2019 (présentant le monde de l’éducation et de la scolarité) et « Monsieur Aznavour » en 2024. Mais GCM, sans doute parce qu’il a grandi au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, a une conscience aiguë de la chose politique. Son œuvre, souvent poétique et pleine d’amour, est ainsi très souvent synonyme d’engagement, à quelque niveau qu’on puisse le mesurer, droits de tous les citoyens, respect des causes féministes, éducation équitable et progressiste, etc. Voici plusieurs exemples de ces engagements divers, comme toujours ce choix est subjectif.
« Les voyages en trains » (2006) : sur ce premier album où figure aussi le très beau « Midi 20 » (chanson qui explique les raisons, le contexte et les conditions de son handicap), voici ce très beau morceau métaphorique, où les trajets en train sont des images de nos existences et des histoires d’amour.