Le 11 juin 2024, Françoise Hardy s’en est allée, avec l’élégance des astres brillants qui s’éclipsent dans la nuit sans faire de bruit, mais qui laissent un vide sidéral que les souvenirs de plusieurs générations essaieront de combler, puis de célébrer.
Il est toujours tentant (dans l’approche interculturelle en général, et en didactique des Langues et Cultures en particulier), lorsqu’on évoque un pays ou une culture, de choisir des figures, qui deviennent souvent des clichés. Or, impossible d’employer ce terme la concernant, alors même qu’elle a représenté quelque chose de la France, et sans conteste son versant élégant, à l’image des légères ondulations de sa frange. Françoise Hardy a incarné ce condensé de force et de fragilité, de momentané et de durable, de mélodies soyeuses et d’énergie rythmique, de charme et d’impertinence, de présence sans jamais lasser, en somme de grande classe, jusque dans ses tenues à la pointe de la mode.
C’est probablement pour cela que d’illustres noms étrangers ne s’y sont pas trompés et l’ont également adorée : Bob Dylan, Mick Jagger, David Bowie, Jimmy Somerville… Elle est enfin un parfait exemple d’artiste, qui a écrit, composé et interprété à la fois (elle qui disait pourtant modestement : « Je ne sais pas chanter »), qui s’est inscrite dans la durée en créant tout au long de sa carrière (même s’il y a eu une période plus funk que j’ai moins aimée) et qui a multiplié les collaborations pour s’enrichir, se relancer parfois, et évoluer toujours (avec, entre autres, Serge Gainsbourg, Michel Berger, Michel Jonasz ou Etienne Daho). Et dans ce rapport national presque amoureux (alors même qu’à l’échelle de sa longue carrière, elle a fait très peu de concerts), la France lui a été fidèle comme elle-même a toujours continué à regarder Jacques Dutronc avec ses yeux d’adolescente.
Quelques morceaux (mais il y en aurait tellement à présenter) à différentes époques pour conserver cette trace précieuse.
« L’amitié » (1963) : comme le titre l’indique, fabuleuse ode à l’amitié (ou à l’amour qu’on porte à ses amis), faite de douceur mélodique et vocale, portée par les métaphores sobres qui enlacent le « je » et le « tu ».