Damien Saez a tracé une route très particulière dans la chanson française du XXIème siècle. C’est un chanteur hyper sensible, sur la corde raide en permanence, pour qui l’écriture des textes vaut plus que tout (donc, en un sens, il est poète). Il est ce chanteur à la fois enthousiasmant (ces si belles mélodies, ces textes écrits au cordeau, cette épure de la guitare) et agaçant (cette voix presque nasillarde qu’on aimerait plus fluide – mais, en même temps, ce ne serait plus lui). Ses textes se conçoivent très souvent accompagnés par la guitare acoustique, même si l’ambiance rock fut, à une époque, requise – en studio comme en concert. Ecorché vif, ce chanteur érudit aborde à la fois l’amour et ses vicissitudes, le besoin de se révolter contre un monde injuste ou les drames de notre société, un pied dans la modernité et un autre dans les siècles d’avant. Dans son œuvre, on traite les problèmes de 2023 mais on est en même temps chez Aragon ou chez Brassens, on évoque la géopolitique moderne mais on pense à Jean Ferrat. Je me dis souvent qu’il aurait pu être un héraut musical de nobles causes, un chanteur emblématique de l’engagement moderne, mais qu’il est passé un peu à côté de cela, peut-être par choix, peut-être par contrainte, probablement en raison de ses excès nombreux, car il paraît souvent border...
Voici plusieurs (très) belles chansons de son répertoire.
« Jeunes et cons » (1999) : morceau vraiment rock qui annonce la critique sociale désabusée en germes dans la suite de son œuvre. Ici, c’est la France du début du XXIè siècle et sa jeunesse perdue qui sont ciblées.