Les chansons de Ludovic - Clio

Focus cette semaine sur une artiste remarquable, Clio, qui crée des chansons d’une fraîcheur certaine. Les textes sont bien écrits, les mélodies captivent et la production est très efficace : elle s’inscrit à la fois dans la lignée des années 80 et dans celle d’artistes plus récents (par exemple Vidéoclub ou Vendredi sur mer). Il faudrait ajouter cette tonalité très sensible des paroles, parfois tristes, en tout cas fréquemment mélancoliques, à l’énonciation personnelle qui touche à l’universel. Clio chante depuis plusieurs années et elle a sorti un nouvel album réussi en 2024.

« Eric Rohmer est mort » (2015) : belle chanson évoquant Eric Rohmer et son style cinématographique si particulier (on revoit, dans le clip, fondé sur des archives, tant d’artistes si brillants des 50 dernières années)

« Plein les doigts » (2016) : quand l’amour idéalisé, projeté vers l’avant, au point d’être figuré sur la toile, devient lentement évanescent, mouvant, l’autre acteur mentant, trompant. Mais la femme détient le pouvoir artistique et symbolique.

« Amoureuse » (2019) : Belle chanson qui dit à la fois la profondeur et la futilité de nos sentiments, le fait de tomber amoureuse de façon chronique (et ici amusante) étant un moyen de rester dynamique et en vie.

« Ai-je perdu le nord ? » (2020) : très belle chanson (un peu son tube, en fait) qui dit la perte des repères et exprime à la fois la solitude et le besoin des autres. Ambiance électro très années 80.

« L’imbécile » (2024) : chanson qui évoque le fait que le narrateur/la narratrice ? a trompé son compagnon (ou sa compagne) lors d’une soirée, mais sur un ton léger, badin (« Pardon, oui je sais j’ai fait l’imbécile et tu n’étais pas là »), comme si tout cela n’était pas si grave. La vidéo montre la réalisation du clip (making of) et crée un effet hyper décalé.

« Là je suis saoule » (2024) : chanson hyper touchante de la difficulté à être dans cette société, en affrontant sa propre psychologie, le tout dit sur les toits de Paris. « C’est pas le monde qui s’écroule, c’est juste moi qui plie »).

En décembre 2024, dans une petite salle du Cirque Royal de Bruxelles, Clio, accompagnée d’excellents musiciens, était en concert et c’était vraiment chouette. Clavier, guitare, basse, batterie, mais minimalistes, le concert a vraiment été très touchant, entre ambiances acoustiques et à certains moments électro, plein d’humour également.