Les chansons de Ludovic - Black M

Certains artistes s’extirpent parfois de leur groupe d’origine pour voler de leurs propres ailes, avec plus ou moins de succès. Ainsi, Black M a activement participé au projet Sexion d’Assaut avant d’en sortir, comme Gims d’ailleurs. Il lui a alors fallu élaborer une carrière solo, qui oscille, jusqu’à aujourd’hui, avec plutôt du succès, entre rap et variété, cette dernière catégorie correspondant sans doute davantage au genre des chansons créées, à l’image d’une tendance actuelle définissant une sorte de nouvelle catégorie de rap commercial, selon laquelle l’authenticité urbaine initiale se dilue dans une production beaucoup plus généraliste – et donc plus diffusée. Mais ce métissage rap/chanson aboutit souvent à des productions intéressantes. Black M a su s’intégrer dans différents projets qui ont contribué à lui donner une exposition médiatique efficace (Les enfoirés, juré de The Voice Belgique, bande originale de la série « Foot de rue »…). Voici quelques morceaux pour l’aborder.

« Sur ma route » (2014) : très belle chanson, dynamique, sur les épreuves à affronter dans la vie en général, et pour une personne d’origine étrangère en particulier, comme l’illustre habilement le clip vidéo.

« Je suis chez moi » (2016) : chanson très réussie, de fait assez politique, puisque liée à une polémique : au moment de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, Black M a été sollicité pour créer une chanson, mais le Front / Rassemblement National a mené une campagne pour s’y opposer, notamment via des tweets de Marion Maréchal-Le Pen, arguant que les enfants issus de l’immigration (Black M est originaire de Guinée) n’étaient pas les plus à même de célébrer cet anniversaire – avis consternant. Black M a très bien réagi en composant cette très belle chanson, qui a été soutenue par un grand nombre de gens, dont l’humoriste Anne Roumanoff présente dans le clip (vraiment chouette).

Continuons avec cette tendance actuelle, tant dans le rap que dans la chanson, qui est aux duos, aux associations d’artistes, parfois d’horizons très divers, et Black M le confirme. Quelques exemples.

« Frérot » (2016) avec Soprano : chanson sur l’amitié qui rapproche effectivement deux artistes – et deux hommes – aux origines africaines (Guinée, Comores) et aux destins semblables, avec un jeu sur les sons (« égo », « frérot », « vrai rôle », « fait trop »).

« Dans mon délire » (2019) avec Heuss l’enfoiré et Soolking : où l’on s’embarque dans les années 70, esthétique revival motown ou disco, tout est possible. 

« César » (2021) avec Gims : chanson qui commence avec un détournement d’un chant traditionnel français (« Savez-vous planter des choux ») et se poursuit par une réappropriation aux rythmiques très africaines, fortement influencées par les tempos de Gims. 

« Grandir » (2022) avec Amir : « Est-ce que ça vaut la peine de grandir ? », question existentielle et philosophique, non ? Les deux gars la résolvent à l’échelle de la chanson, pas si bête (« on a laissé l’enfance s’éloigner »).

Black M a sorti un album en 2023, La légende Black, là encore à la charnière de la variété et du rap.

« Bye bye » (2023) : variété