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Les chansons de Ludovic - Aya Nakamura

(Re)découvrez l'originalité de la chanson française et francophone !
Ludovic Gourvennec

Je suis professeur de français et j'ai effectué l'essentiel de ma carrière à l'étranger. Je suis actuellement en poste dans le réseau des Écoles européennes. J'ai soutenu une thèse de doctorat consacrée à la chanson.

Pour vous aider à exploiter mes chansons en classe, n'hésitez pas à feuilleter mon article tiré de la revue de l'Association belge des professeurs de français "Vivre le français" : "Classe de FLE : 20 activités pour exploiter une chanson"

Ludovic Gourvennec

Aya Nakamura est une chanteuse franco-malienne (née à Bamako) qui occupe une place très importante dans la scène francophone et internationale actuelle. Elle a émergé en 2017 et elle a vite gravi les marches de la notoriété, jusqu’à devenir, aujourd’hui, la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, notamment sur les plateformes. Issue d’une famille de griots maliens, elle a su véhiculer (et s’appuyer sur) cet art oral de la transmission, et la France a découvert progressivement cette artiste issue de la banlieue parisienne. Ses morceaux s’ancrent stylistiquement dans cette mouvance entre rap et chanson commerciale, cette nouvelle tendance artistique. Ses concerts sont tous complets. Mais Aya Nakamura, fort de son aura mondiale, s’est également investie dans la mode en devenant égérie de la marque Lancôme. Voici certaines de ses chansons les plus connues.

« Djadja » (2018) : ce titre marque le début du succès et de la diffusion très large de cette artiste. Chanson forte dans son texte (qui acte cette affirmation féminine face à un pouvoir masculin) et dynamique dans son rythme (avec ces autotunes d’aujourd’hui).

« Pookie » (2018) : clip qui met ici en évidence le choix régulier d’une chorégraphie branchée (commune à d’autres vidéos) :

« Copines » (2018) : rythmique très africaine pour cette chanson au clip exotique, avec toujours ces relations amoureuses problématiques (« Tu veux la plus bonne bonne bonne de mes copines » :)) – qui souvent trouvent leur solution.

« Baby » (2023) : c’est un extrait de l’album sortie en 2023, « DNK » (clin d’œil à son patronyme réel, Danioko).

« Avec classe » (2024) : voici un remix de et avec le chanteur Corneille d’une chanson de 2002 (on y trouve aussi le groupe Trinix), bonne illustration des collaborations qu’elle peut mener.

Mais Aya Nakamura, a surtout marqué les Jeux Olympiques de Paris en juillet 2024, d’abord car elle s’est surtout retrouvée au centre d’une polémique incroyable. Les directeurs artistiques de l’événement ayant décidé – fort justement – de donner à voir, pour cette représentation mondiale, toute la diversité de la France (et cette diversité est tellement énorme), ils ont choisi Aya Nakamura pour un show lors de la cérémonie d’ouverture. L’information ayant fuité, beaucoup de voix rétrogrades (voire réactionnaires) se sont élevées contre la présence d’une artiste noire issue de la banlieue, mais les organisateurs ont maintenu leur choix et le résultat a été fabuleux.


La France a ainsi présenté au monde entier, une séquence de 3 minutes, sur le pont des Arts (reliant le Louvre et l’Académie française) : une chorégraphie magnifique entre la chanteuse issue du rap et des quartiers, et la garde républicaine, incarnation de l’Etat, orchestre militaire. Thomas Jolly, le directeur artistique de toutes les manifestations culturelles des JO 2024 l’explique (dans les Inrocks de décembre 2024) : « On s’est dit que cette improbable rencontre traduisait la dimension égalitaire que nous recherchions. » La France doit être donnée à voir dans sa diversité. Et Aya Nakamura a pu y présenter deux de ses chansons.


Au final, la séquence a été exceptionnelle : d’un côté la garde républicaine, réputée austère, se prenant magnifiquement au jeu en se déhanchant, de l’autre Aya, et ses six danseuses issues de la diversité, s’intégrant dans cette chorégraphie improbable, l’ensemble étant fédéré par la chanson de Charles Aznavour (« For me, formidable »). Thomas Jolly, le grand ordonnateur artistique des JO, conclut ainsi cet épisode merveilleux : « C’est le tableau dont je suis le plus fier, parce qu’il représente la quintessence de ce que nous voulions raconter. Il dit que, même si on ne vient pas du même endroit, on peut créer de la joie, de l’art et de la beauté ensemble, avec des valeurs d’inclusion et cette métaphore du pont comme lien entre les générations et les formes d’expressions artistiques. »